Mieux former les policiers qui s’occupent de prendre les plaintes pour violences conjugales : voilà ce que demandent les syndicats de police alors que Gérald Darmanin a annoncé ce lundi 2 août 2021 que le traitement de ces dossiers devenait prioritaire. Face à une "crise des OPJ", certains représentants syndicaux jugent par ailleurs que les mesures incitatives susceptibles de susciter des vocations et de mener à bien le recrutement de 5 000 nouveaux officiers de police judiciaire d'ici 2023 sont trop faibles. Ils demandent de les accompagner d’une simplification de la procédure pénale.
Le syndicat Alternative police CFDT questionne les annonces de Gérald Darmanin formulées lors d’une interview accordée au journal Le Parisien le 2 août 2021. Il souhaite que les plaintes pour violences conjugales traitées en priorité par les policiers et les gendarmes. "Depuis plusieurs mois, le ministère de l’Intérieur va d’annonce en annonce (lutte contre les stupéfiants, phénomène des bandes, lutte contre les rodéos, etc.) et à force d’aller de priorité en priorité il n’y aura plus de priorité", s’inquiète le syndicat. "Traiter des violences conjugales […] ne s’arrête pas à la simple prise d’une plainte mais nécessite un accueil des victimes, une écoute, un accompagnement et une orientation vers d’autres services, sociaux notamment, et associations dédiées", note-t-il par ailleurs.
Plusieurs priorités ?
En septembre 2020, Gérald Darmanin expliquait au même journal que la lutte contre les stupéfiants devait être "l’alpha et l’oméga" de toutes les interventions. Concernant les rodéos, les députés Natalia Pouzyreff (LREM, Yvelines) et Robin Reda (LR, Essonne) évaluent actuellement la loi du 3 août 2018 : porté par le ministre de l'Intérieur et le garde des Sceaux, le projet de loi "relatif à la responsabilité pénale et à la sécurité intérieure" comporte plusieurs dispositions sur ce sujet.
22 000 opj en 2023
Pour traiter ces dossiers, Gérald Darmanin a précisé au Parisien qu’il prévoit "davantage d’officiers de police judiciaire" alors que les violences conjugales représentaient 193 000 procédures judiciaires l’an passé. L’objectif annoncé par la police est d’atteindre les 22 000 postes d’OPJ en 2023, soit 5 000 de plus qu’aujourd’hui.
Alternative police CFDT précise par ailleurs dans son communiqué que "l’annonce de 5 000 nouveaux officiers de police judiciaire s’inscrit dans le cadre d’une réforme générale engagée depuis plusieurs mois qui vise à revaloriser la filière judiciaire qui souffre de dossiers en retard" et que ceux-ci "ne seront pas spécifiquement dédiés à la seule lutte contre les violences conjugales".
Alternative police CFDT préconise de "s’appuyer sur les brigades des mineurs existantes qui disposent déjà des compétences pour aborder ces sujets humainement et socialement difficiles" et pourraient devenir des "brigades des violences intrafamiliales avec un pôle dédié aux mineurs et un autre aux violences conjugales". "Malheureusement, la situation des uns est très souvent liée à celles des autres", déplore le syndicat. Il précise que ces brigades pourraient être "renforcées naturellement d’effectifs adaptés au besoin".