Le collectif Abandon de famille - Tolérance zéro estime que les forces de sécurité impliquées dans des violences envers les femmes ne sont pas en mesure d'apprécier correctement la gravité des plaintes d'autres victimes.
"On a besoin de forces de l’ordre intègres pour venir à bout des violences faites aux femmes." Pour garantir ce prérequis, le collectif Abandon de famille - Tolérance zéro lance une pétition dans laquelle il réclame au ministère de l’Intérieur d’effectuer "l'inventaire" des policiers et gendarmes "agresseurs de femmes et enfants".
Cette demande, soutenue ce mardi par plus de 23.000 signatures, surgit après une révélation du Canard enchaîné. Fin juillet, l’hebdomadaire a "fait savoir que le policier qui avait recueilli en mars la plainte de Chahinez Daoud contre son mari violent - avant qu'il ne la brûle vivante début mai à Mérignac - venait d'être condamné pour "violences habituelles sur son ex-conjointe".C’est inadmissible que ces hommes restent en contact avec des victimes. Ils ne peuvent pas avoir une bonne interprétation de la grille d'évaluation du danger que les forces de sécurité doivent remplir en cas de violences conjugales", tempête Sandrine Bouchait, de l’Union nationale des familles de féminicides, et qui soutient la pétition.
"Chasse aux sorcières"
Face à de tels abus, les associations militantes réclament que les sanctions disciplinaires interviennent plus rapidement, "sans attendre une condamnation pénale définitive, avec notamment la confiscation de l'arme", propose Stéphanie Lamy, rappelant que sur les 102 victimes de féminicide en 2020, deux ont été tuées par un fonctionnaire avec son arme de service. De son côté, Anaïs Leleux juge nécessaire que la question de l’enregistrement d’une plainte à l’encontre d’un collègue soit abordée dans les formations des forces de l’ordre sur le thème des violences conjugales.
"C’est une chasse aux sorcières", souffle Denis Jacob, secrétaire général du syndicat Alternative police. "Tout cela sous-entend qu’il y aurait une omerta couverte par la hiérarchie", un postulat qu’il récuse. "Les policiers sont déjà lourdement sanctionnés quand les faits sont avérés", insiste-t-il.
Le ministère de l'Intérieur l'a d'ailleurs rappelé dans un note adressée le 2 août au directeur de la police nationale. Par souci d'exemplarité, Gérald Darmanin indique que tout policier ou gendarme a l'obligation de "rendre compte au plus vite à sa hiérarchie de toute mise en cause ou condamnation pénale dont il fait l'objet et dont il a connaissance". Dans une telle hypothèse, le ministre précise que sa hiérarchie a le devoir de l'affecter "immédiatement à des missions qui ne le mettent pas en contact avec du public", évitant ainsi les prises de plaintes.