Alors que les personnels de la police technique et scientifique sont en grève, le syndicat CFDT Alternative police dénonce « l’enfumage » qu’a constitué l’accord signé le 19 décembre entre les deux grands syndicats majoritaires et le ministère de l’Intérieur.
La maison police craque de tous côtés. Après un début de mouvement de grogne des policiers tué dans l’œuf par l’accord du 19 décembre entre le ministère de l’Intérieur et les trois principaux syndicats, celui des personnels de la police technique et scientifique non concerné par cet accord (comme ici à Rouen), c’est au tour d’un autre syndicat, CFDT alternative police, de dénoncer « l’enfumage » du 19 décembre.
Cette organisation, la 4ème en importance avec 10 % des voix obtenues à l’occasion de sa première participation aux élections professionnelles de début décembre, n’a pas été conviée aux négociations par le ministère.
« On attend toujours de savoir pourquoi » déclarent ses deux délégués départementaux pour la Seine-Maritime.
« A la sortie du ministère, on a entendu les patrons des grands syndicats déclarer qu’ils avaient obtenu 150 euros d’augmentation mensuelle pour les gardiens entre 2019 et 2020 et 120 euros pour les plus gradés, c’est tout simplement faux » martèle Guillaume Bonnet de Valleville, délégué départemental.
« Ce qui a été acté c’est une augmentation de l’allocation de maîtrise de 40 euros par mois à partir du 1er janvier, mais c’est en brut. Quant aux augmentations de 30 euros au 1er juillet et à nouveau 30 euros au 1er janvier 2020, elles sont conditionnées au fait que les syndicats acceptent de négocier avec le ministère sur la question des heures supplémentaires (les policiers ont accumulé au fil des décennies près de 22 millions d’heures supplémentaires non payées, NDLR) ».
La crainte, voire la certitude, d’Alternative CFDT, c’est que les syndicats seront obligés de revoir leur ambition à la baisse sur cette dernière question pour sauver les 60 euros mensuels.
De même, les syndicalistes, qui veulent « rétablir la vérité auprès du public qui a entendu que les policiers allaient être augmentés de 150 euros voire de 300 euros par mois », dénoncent l’affirmation selon laquelle les grands syndicats auraient obtenu, 1 % et 0.5 % d’augmentation de l’Indemnité de sujétion spéciale police (ISSP, la prime de risque, NDLR). « Le 1 % était prévu dans le protocole de 2016, donc la seule chose qu’ils ont réellement obtenu c’est 0.5 % » balaye Sébastien Dubocage, délégué départemental adjoint. Quant aux 300 euros, selon les dernières rumeurs, ils pourraient revenir comme prime aux officiers et commissaires, non concernés par l’accord, mobilisés sur le mouvement des gilets jaunes.
« Le rapport de forces était en notre faveur, on aurait pu obtenir beaucoup plus, surtout on aurait pu aborder les vrais problèmes : les suicides, l’alourdissement de la procédure pénale, les bâtiments vétustes ». Et le manque d’effectif ? « En Seine-Maritime, on les a les effectifs, ils sont mal employés, pour des tâches ne relevant pas de tâches administratives, certains sont mêmes détachés syndicaux » taclent les deux policiers, délégués sans détachements comme le veut leur organisation.