Un malaise gagne les effectifs de la police aux frontières dans l’Ouest. Les méthodes du directeur et de son adjoint provoquent des arrêts maladie en cascade. La direction centrale à Paris a ordonné un audit qui a eu lieu hier et aujourd’hui.
Un policier de la police aux frontières (Paf) raconte une anecdote. « Un jour, un officier, un bon élément, a été poussé à bout. Il a été en arrêt longue durée. Quand il est allé chercher ses affaires, la direction avait tout mis dans un carton, y compris le contenu de sa poubelle. »
Les histoires de mauvais goût comme celle-ci fourmillent au sein de la Paf. Depuis deux ans, date de la nomination du directeur de la zone ouest et de son adjoint, l’ambiance s’est franchement dégradée dans les rangs.
La hiérarchie informée
En deux ans, l’administration a dû faire face à des arrêts longue durée pour des dépressions. Une trentaine au total. Du jamais vu dans la police aux frontières. « Ce n’est pas faute d’avoir tiré la sonnette d’alarme, déplore Alain Morel, secrétaire régional du syndicat des cadres de la sécurité intérieure, majoritaire chez les officiers. Il y a un an, nous avons déjà informé la hiérarchie sur le malaise qui s’installait. »
« Paroles blessantes »
…Leurs collègues d’Alternative police (CFDT) n’étaient pas en reste : « Le directeur et son adjoint sont incapables de donner une directive sans se moquer des policiers sur le terrain, dénonce Vincent Vilard, référent national Paf à la CFDT. Cela devient vite insupportable et génère des effets destructeurs. »
Cette fois, les critiques ont volé si haut qu’elles ont fini par atterrir sur le bureau du directeur central de la police nationale à Paris. Un audit a été ordonné par les services centraux. Une coordinatrice nationale chargée de la prévention et de la santé et le directeur des ressources humaines ont entendu les délégués syndicaux pour mesurer l’ampleur du malaise. Les policiers leur ont clairement exprimé leur ras-le-bol devant les « paroles blessantes de la direction zonale. »
Manque d’effectifs, agressions…
…Alternative police décrit aussi des conditions de travail détériorées par le changement de population dans les centres de rétention administrative (CRA). « Avant, c’était des pères de famille qui ne posaient pas de problèmes, explique Vincent Vilard. Maintenant, les agressions ne sont pas rares. Et le taux de remplissage est maximal. »
Situation de non-retour
La direction, selon les syndicats, ne semble pas en tenir compte. « Ceux qui flanchent sont immédiatement répertoriés comme incompétents, rapporte la CFDT. Mais ils n’en peuvent pas plus parce qu’ils sont en burn-out. Il ne suffit pas de dire que les policiers sont là pour travailler pour résoudre le problème. »
Une enquête interne a aussi été diligentée par le préfet de région, Christophe Mirmand. « La médecine préventive a déjà écrit à la direction, conclut Alain Morel, pour le SCSI. Nous voulons trouver une solution à la souffrance des collègues. Mais en ce qui concerne le directeur et son adjoint, nous sommes dans une situation de non-retour. »