La semaine passée, Alternative Police CFDT alertait le directeur central de la Police Aux Frontières (PAF) sur l’état moral des effectifs du Centre de Rétention Administrative (CRA) de Rennes (35). Certes, le management absurde effectué par la direction zonale Ouest de la PAF n’est pas étranger, loin s’en faut, à cet épuisement psychique mais la suractivité générée par la crise migratoire, conjuguée à des effectifs qui n’ont pas été réajustés en conséquence*, pèse sur les épaules des effectifs.
Mais la situation du CRA de Rennes ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt ! En effet, l’ensemble des CRA sur le territoire national subissent également les affres d’une sur-occupation et de la stagnation du nombre d’agents.
Pire, il arrive parfois que les effectifs des CRA, comme par exemple à Nice, soient « ponctionnés » afin d’assurer des missions d’appui judiciaire. D’autre part, afin de pallier à la surcharge du CRA local, plein à craquer, le préfet des Alpes-Maritimes a ordonné récemment l’ouverture d’un Local de Rétention Administrative (LRA) dans l’enceinte même de l’aéroport de Nice. Les effectifs de la PAF de l’aéroport se retrouvent de fait à assurer les missions de surveillance inhérentes à ce LRA, dont l’emplacement et la configuration ne sont pas sans constituer quelques failles en matière de sécurité.
Alternative Police CFDT estime que les conditions de travail et de sécurité des policiers sont corollaires à la sécurité et au respect de la dignité des personnes retenues administrativement. Aussi, des moyens conséquents en effectifs doivent urgemment être alloués aux CRA.
Mais le mal est bien plus répandu puisque les policiers dédiés aux missions de contrôle transfrontières sont peu ou prou dans la même problématique. Le trafic aérien augmentant continuellement au fil des années, Alternative Police CFDT déplore que la courbe des effectifs soit pour ainsi dire restée plane.
Les sas à reconnaissance faciale, qui devraient commencer à être opérationnels durant cet été ne résoudront pas tout. Il y a fort à parier que nous connaîtrons cette année les mêmes tourments que l’an passé dans les aéroports parisiens mais aussi provinciaux avec des files de voyageurs à n’en plus finir et des délais de passage au contrôle transfrontière mécaniquement plus longs.
Et nos collègues policiers de toujours supporter la surcharge d’activité et les humeurs des voyageurs excédés par une attente qui émousse leur patience. Espérons qu’un peu d’anticipation viendra rompre avec les habituelles solutions-pansement… Tiraillés entre la nécessité d’opérer un contrôle de qualité (a fortiori dans ce contexte de menace terroriste permanente) et la pression commerciale dont la fluidité des flux est le principal enjeu, nos collègues sont, en plus d’être épuisés, dans une insécurité juridique permanente.
Les policiers de la PAF se sentent incompris et mangés à toutes les sauces, les services concourant mutuellement pour nombre d’entre eux, à pallier leurs carences en forces vives au gré des missions qui sont à assurer. Ce n’est plus de la polyvalence mais plutôt de la débrouille au jour le jour.
Dans le CRA, certaines personnes retenues, fort heureusement une grande minorité d’entre elles, se montrent violentes et dangereuses à leur égard. Cela se voyait moins il y a quelques années mais les agressions contre les policiers ou encore les tentatives d’incendie dans certains centres de rétention tendent à augmenter.
Au sein des aéroports, sites sensibles et cibles de choix pour les terroristes, les policiers sont exposés aux attentats éventuels. Pourtant, ils ne perçoivent aucune reconnaissance de ces risques, comme c’est légitimement le cas pour les policiers affectés dans certaines circonscriptions difficiles, éligibles à l’ASA (Avantage Spécifique d’Ancienneté), qui confèrent à ces derniers un avancement d’échelons un peu plus rapide. Pire, les policiers de la PAF ROISSY et ORLY, qui y étaient jadis éligibles, en sont exclus depuis 2016.
Les policiers de la PAF, dans les ports et aéroports sont les premières représentations de la France lorsque les touristes pénètrent sur notre territoire et ils concourent plus que jamais, sans oublier ceux qui sont affectés aux frontières terrestres, à la sûreté de notre pays.
Alternative Police CFDT demande à Monsieur le Ministre de l’Intérieur ainsi qu’à Monsieur le Directeur Général de la Police Nationale un abondement significatif en effectifs en faveur de la Direction Centrale de la Police Aux Frontières, bien au-delà de celui qui a déjà été consenti. Il s’agit du principal levier qui permettra de tarir considérablement la souffrance des policiers de la PAF et qui leur offrira la possibilité de travailler dans des conditions de sécurité suffisantes.
*A titre d’information, 8 effectifs travaillent la nuit dans le CRA de Rennes avec une capacité d’une quarantaine de personne retenues.