Touchée par le narcotrafic, la cité des Ducs devrait à nouveau bénéficier d’effectifs supplémentaires, comme l’a évoqué par Bruno Retailleau lors de son déplacement vendredi. Une annonce qui demeure très floue.
La position du ministre de l’Intérieur sur le renvoi en France d’un influenceur algérien expulsé vers l’Algérie a largement fait parler vendredi 10 janvier. Plus discrètement, c’est pourtant lors de ce même déplacement que Bruno Retailleau a annoncé des renforts policiers à Nantes, où il se trouvait. Le premier flic de France (LR) s’est entretenu le matin avec la maire (PS) de la ville pour lui en faire part. « Ce que j’ai indiqué à Johanna Rolland c’est que l’État prendrait sa part », a-t-il fait savoir lors d’un micro tendu auprès de la presse.
À l’heure où Nantes est touchée par le narcotrafic, « on déploie très régulièrement la CRS 82 , de nouvelle génération, et je me suis engagée dans les mois à venir à renforcer un certain nombre d’effectifs », a annoncé Bruno Retailleau, à condition que « la ville aussi puisse mettre un certain nombre de moyens en place ». Le locataire de la place Beauvau n’a pas donné plus de précisions. «Nous ne communiquons pas les chiffres», indique ce lundi le pôle communication du ministère.
Des effectifs manquant partout
« Le ministre connaît la situation nantaise, il est disposé à renforcer les effectifs à Nantes », assure l’ancienne secrétaire d’État Laurence Garnier, satisfaite du choix de son ancien collègue sénateur, alors que « des effectifs, on lui en demande partout ». La conseillère municipale de la droite nantaise, qui connaît bien le ministre vendéen, voit en cette annonce « l’affectation à part entière en Loire-Atlantique d’effectifs qui, auparavant, étaient partagés par les autres départements », notamment avec la Gironde.
« De toute façon, quoi qu’il arrive, bien qu’on ne connaisse pas la volumétrie, ça ne sera pas un surplus d’effectifs », estime de son côté Thierry Audouin, secrétaire départemental 44 Alternative Police CFDT. Selon ses informations, neuf « postes profilés » ont été demandés à la Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS). Quand bien même cette demande serait acceptée, encore faudrait-il que ces emplois très spécialisés soient pourvus.
« Bonne image »
De manière générale, les effectifs de police sont comblés une fois par an, en septembre, avant d’être complétés par un deuxième mouvement en mars. Si les renforts s’incarnaient dans une arrivée printanière, « ça ne compensera pas les départs en retraite », assure Thierry Audouin. « Personne n’est dupe, ça sera en dessous de nos espérances et les départs en retraite vont gommer les arrivées ». Toutefois, le représentant d’Alternative Police salue les intentions de Bruno Retailleau. « Personne ne conteste sa volonté auprès de la police. Il a quand même une bonne image auprès des collègues, mais il fait avec les moyens qu’on lui donne ».
Dans les couloirs du commissariat, un autre policier plus sceptique ne manque pas de citer Charles Pasqua qui disait en son temps : « Les promesses n’engagent que ceux qui les croient »... Et Thierry Audouin de rappeler que la création du service interdépartemental de sécurisation des transports en commun, annoncé en 2022 en grande pompe avec 70 nouveaux fonctionnaires... est bien loin d’être au complet. Personnalité en qui les Français ont le plus confiance, selon un sondage Toluna Harris Interactive réalisé avec LCI en décembre, Bruno Retailleau pourra-t-il tenir ses promesses ?