Denis JACOB, le délégué général du syndicat Alternative Police CFDT était à AMIENS ce vendredi, à quelques semaines des élections professionnelles. Il a notamment abordé avec les policiers la question de la réforme de la Police Judiciaire, un projet très contesté en interne.
C'est un projet de réforme qui a réussi à fédérer contre lui une grande partie des effectifs, et a entrainé la mobilisation des agents, mais également des magistrats ou des avocats dans 36 villes de France. La réforme de la Police Judiciaire, voulue par le ministre de l'Intérieur Gérald DARMANIN, continue de faire des remous, au sein de la Police Nationale.
« Si on veut qu'une réforme soit efficace, il faut qu'on ait l'adhésion des agents, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui », regrette ce vendredi Denis JACOB, le délégué général du syndicat Alternative Police CFDT, en visite à AMIENS, à quelques semaines des élections professionnelles.
Cette réforme prévoit de placer tous les services de police du département - renseignement, sécurité publique, police aux frontières et PJ - sous l'autorité d'un seul Directeur Départemental de la Police Nationale (DDPN), dépendant du préfet.
Les policiers craignent ne plus avoir le temps de traiter les grosses affaires, pour se concentrer sur les affaires les plus courantes. « On risque d'avoir un problème dans le bon traitement des affaires actuelles que peut gérer la police judiciaire, des affaires qui sont très longues, très chronophages, des affaires d'ordre criminelle.
On parle de potentiellement donner d'autres missions et si on les met sur d'autres missions, ils ne pourront pas gérer ce qu'ils ont l'habitude de gérer, c'est à dire des dossiers importants », confirme Denis JACOB, au micro de France Bleu Picardie. « Je trouve dommage de casser un service qui fonctionne bien alors que la police judiciaire française est quand même une, pour ne pas dire la, police, la plus efficace au monde. En tous les cas, elle est reconnue comme telle ».
La PJ bientôt en charge des enquêtes du quotidien ?
À AMIENS, la Police Judiciaire compte onze fonctionnaires de police, dont deux administratifs et le commandant. Une équipe réduite, qui gère parmi les dossiers les plus lourds. En cas de réforme, ils seraient ainsi intégrés à une filière investigation avec leurs collègues chargés de la délinquance au quotidien. « La sécurité publique a un gros problème de gestion du contentieux de masse, c'est-à-dire de tout le petit judiciaire qu'ils peuvent avoir à traiter. Ils sont très en retard et on pourrait prendre le risque de voir des collègues de la police judiciaire dévier sur ce type de mission, même si le ministre de l'Intérieur s'en défend », poursuit le représentant syndicat d'Alternative Police CFDT.
Denis JACOB, qui apporte son soutien à l'Association Nationale de Police Judiciaire, créée pour l'occasion, assure que son syndicat n'est pas opposé au principe d'une réforme, « mais mettons les choses dans l'ordre. Concertons nos collègues, demandons-leur quelle est la réalité du terrain et adaptons la réforme à leur réalité du terrain ». Un dialogue qui semble difficile : il y a une quinzaine de jours, le patron de la PJ de Marseille, Éric ARELLA, a été démis de ses fonctions, au lendemain d'une manifestation de ses hommes.