Ce jeudi matin, une douzaine de CRS de la région étaient réunis dans les locaux de la CFDT Alternative Police, à Lyon, pour exprimer leurs difficultés quotidiennes sur le terrain.
Parmi eux, Alexandre Costa, de la CRS 45 basée à Chassieu. Pour lui, "le propre du CRS c’est le rétablissement de l’ordre. C’est d’ailleurs notre devise : servir. Mais aujourd’hui, les autorités laissent faire. Il est possible de mettre le feu à des fonctionnaires sans être véritablement inquiété".
Même son de cloche pour François Nedelec, délégué zonal pour le syndicat qui travaille à la CRS 47 de Grenoble : "On ne nous donne pas la possibilité d’appliquer les techniques apprises lors de nos formations. On légitime des actions puisque nous n’apportons pas de réponse tactique. Les affrontements deviennent donc un terrain de jeu. On nous envoie sur place pour absorber les violences, pour faire tampon. On passe plus de temps à recevoir des projectiles qu’à faire notre métier".
Selon Alexandre Costa, la peur d’une mauvaise image freine les prises de décisions : "nos chefs de service ne sont plus des hommes de terrains. Ce sont des gestionnaires. Chaque problème est un frein à leur carrière et il faut ajouter à cela la pression par les médias ou autres". "C’est facile de prendre un bout de film et de le balancer sur YouTube sans montrer tout le reste" ajoute un autre des CRS présent. L’affaire Théo est encore dans toutes les mémoires.
Pour le CRS, le problème se traduit, par exemple, lors de violences urbaines dans les quartiers difficiles : "On nous empêche d’y aller. On nous demande de tourner autour des quartiers alors que nous sommes désireux, et formés, d’y aller pour rétablir l’ordre".
CFDT Alternative Police, rejoint très récemment par de nombreux CRS auparavant encartés chez Alliance ou SGP Police, demande donc des effectifs supplémentaires, mais également des ordres "dans l’esprit de reconquête républicaine".
La reconquête républicaine, mot d’ordre de la nouvelle Police de Sécurité du Quotidien, a également été évoquée. Pour Hervé d'Eyssautier, délégué départemental adjoint du Rhône du syndicat, "la mise en place de la PSQ, par exemple sur le 8earrondissement de Lyon, a permis de réduire notablement les rodéos mais en faisant fondre les effectifs de la DDSP". Pour lui, il reste donc encore des points noirs, dont "des individus avec une conduite assassine dans nos rues, mais qui n’ont pas peur de perdre des points… car ils n’ont pas le permis". Plus de contrôles ciblés pourraient, selon lui, améliorer la situation.
Dernier accident mortel en date, vendredi dernier quand le conducteur alcoolisé d’un 4x4 avait renversé deux personnes, dont une mortellement, à Villeurbanne.