

Il n’a fallu que sept minutes à des braqueurs armés de meuleuses pour entrer puis sortir du musée du Louvre, à Paris, avec un butin de colliers, tiares et boucles d’oreilles royaux.
Ils ont laissé intact le « Régent », diamant de 140 carats exposé à proximité, ont fait tomber une couronne sertie de plus de 1 000 diamants, puis ont pris la fuite en abandonnant un gilet jaune portant des traces ADN, de quoi redonner espoir à des responsables politiques et policiers penauds qu’une faille de sécurité massive ne se traduise pas par une perte définitive.
Le ministre de l’Intérieur Laurent Nunez s’est dit « confiant quant au fait que nous retrouverons très rapidement les auteurs et, surtout, les objets volés ».
Vers 9 h 30 dimanche, deux auteurs ont garé un monte-meubles et l’ont mis en marche, selon la procureure de Paris Laure Beccuau. Le duo, aidé par deux complices, a grimpé jusqu’à une fenêtre du premier étage et a pénétré dans la Galerie d’Apollon à 9h34, a menacé des gardiens et a découpé l’accès à deux vitrines.
Leur butin comprenait une tiare, un collier de saphirs et des boucles d’oreilles assorties provenant des collections des reines Marie-Amélie et Hortense ; un collier d’émeraudes et des boucles d’oreilles ayant appartenu à Marie-Louise ; une broche-reliquaire ; ainsi qu’une tiare et un large nœud de corsage de l’impératrice Eugénie. De retour dans la rue, le gang s’est enfui sur des scooters TMax.
« Nous avons échoué », a déclaré le ministre de la Justice Gérald Darmanin sur France Inter, reconnaissant que ce braquage donne « une image déplorable de la France ».
Benjamin Camboulives, porte-parole du syndicat Alternative Police CFDT, a indiqué que la sécurité du Louvre repose sur la vidéosurveillance et des patrouilles à l’extérieur du musée, et pourtant personne n’a remarqué l’arrivée d’un monte-meubles un dimanche, alors qu’aucuns travaux n’étaient programmés.
Camboulives voit toutefois un motif d’espoir dans l’amateurisme des braqueurs, notamment le fait qu’ils aient fait tomber la couronne de l’impératrice Eugénie, sertie de 1 354 diamants et 56 émeraudes, pendant la fuite.
La Brigade de Répression du Banditisme, une unité de police spécialisée, examine les images de vidéosurveillance et d’autres pistes, notamment le gilet, une couverture avec des traces ADN, ainsi que le monte-meubles que le gang a tenté, en vain, d’incendier.
À l’intérieur du musée, le protocole de sécurité semble avoir été respecté. Le ministère de la Culture a indiqué que les alarmes reliées aux services de police se sont déclenchées lorsque la fenêtre et les vitrines ont été fracturées, et que les cinq agents présents se sont concentrés sur la mise en sécurité des visiteurs. [...] Les agents de sécurité privés n’ont pas vocation à se mettre en danger pour empêcher un braquage.
Si ces agents font probablement partie des premières personnes auditionnées par les enquêteurs de la BRB, Laure Beccuau a donné quelques indications sur les pistes suivies par les autorités.
« Soit il s’agit d’une commande d’un collectionneur, et dans ce cas, si nous identifions ce collectionneur et commanditaire, nous retrouverons les bijoux en bon état », a-t-elle déclaré dimanche sur BFM TV. « Soit, comme nous l’avons vu à diverses reprises, il s’agit d’une commande de personnes qui n’ont identifié les bijoux qu’en raison des pierres, perles et métaux rares qui les composent. »
Le président Emmanuel Macron a dit espérer qu’il s’agira du premier scénario et que « nous récupérerons les œuvres et que les auteurs seront traduits en justice », a-t-il écrit sur X.