18 août 2018
La police a de plus en plus recours aux armes
Intervention de Denis JACOB, Secrétaire Général, au journal de 20H sur France 2, vendredi 17 août 2018
Un automobiliste est mort sous les coups de feu d'un policier, tirés après une course-poursuite dans les rues de Paris. Le conducteur de 26 ans avait été pris en chasse après avoir refusé de se soumettre à un contrôle routier. Le policier, âgé de 23 ans, a été placé en garde à vue et l'enquête confiée à la police judiciaire et à l'inspection générale de la police, IGPN.
Un événement qui fait écho au dernier rapport de l'IGPN, paru en juin 2018, recensant les tués et blessés lors d'interventions policières. Des chiffres qui mettent surtout en lumière une plus grande utilisation de certaines armes par les policiers en particulier le pistolet automatique. Il connaît une hausse de 54% soit 394 utilisations depuis le 1er juillet 2017. Même constat pour le recours au pistolet à impulsion électrique (de type Taser), 20% et 46% pour le lanceur de balle de défense.
Seul chiffre en baisse, celui de l'usage de la grenade à main de désencerclement, souvent utilisée lors des manifestations contre la loi travail en 2016, qui diminue de 8%.
Pour la cheffe de l'IGPN, Marie-France Monéger-Guyomarc'h qui avait réagi après la publication de ce rapport, cette hausse ne doit pas être perçue comme une conséquence de l'assouplissement des règles encadrant la légitime défense. Elle tire surtout son origine de l'augmentation « préoccupante » du nombre de conducteurs refusant les contrôles.
Autre chiffre clé du rapport, les 14 décès survenus lors d'interventions policières depuis juillet 2017. Parmi eux, 4 concernent des personnes s'étant suicidées ou mortes en ayant pris la fuite lors d'une intervention de police.
Le rapport dénombre également une centaine de blessés avec plus de huit jours d'incapacité de travail. « Ce recensement n'est pas le recensement des bavures policières », selon la cheffe de l'IGPN. « Mais dans une démocratie, il n'est pas anormal que l'on puisse savoir combien de tués sont recensés en intervention de police », avait-elle précisé.
De leurs côtés, les saisines judiciaires sont stables avec une baisse de 3% par rapport à 2016 tout comme les sanctions disciplinaires. De même au niveau de la plateforme de signalement à destination des particuliers, qui enregistre une légère augmentation de 3% avec 3361 signalements dont 2897 relevant bien de l'IGPN