ALTERNATIVE Police prend connaissance du guide Interpol publié le 26 mars 2020 à propos du COVID-19 et des recommandations qu’il préconise en matière de protection sanitaire pour les « services chargés de l’application de la loi »
INTERPOL rappelle en préambule que « le guide doit être envisagé par les services chargés de l’application de la loi comme s’inscrivant dans le cadre d’une stratégie de réponse à la flambée épidémique et d’une étroite coopération avec les autorités nationales de santé publique. Il a pour objet de compléter les consignes nationales, et non de s’y substituer. Toutes les mesures prises par les autorités nationales chargées de l’application de la loi doivent être conformes à la législation nationale et aux obligations internationales. »
Le guide recommande pour les policiers de :
Le guide précise également que les policiers, lorsqu’ils rentrent chez eux, et avant d’être en contact direct avec leurs proches, doivent appliquer les mesures de distanciation sociale et procéder comme suit :
ALTERNATIVE Police constate que le guide insiste sur l’impérieuse nécessité de renforcer les mesures sanitaires édictées lors de contact avec la population notamment avec celle la plus récalcitrante et qui n’a pas manqué, en France, de cracher ou tousser volontairement sur les forces de sécurité comme l’indique le guide INTERPOL.
ALTERNATIVE Police est atterré de constater que les recommandations d’INTERPOL correspondent en tout point à ce qu’il demande depuis le début de confinement et qu’aucune réponse institutionnelle n’a été apportée depuis le 16 mars 2020.
ALTERNATIVE Police relève également que la grande majorité des indications d’INTERPOL ne sont pas appliqués en France pour la sécurité et la protection sanitaires des policiers et de leurs proches.
En effet, aucune mesure n’a été prise par les autorités policières pour le nettoyage et la décontamination des vêtements de travail.
De la même manière, l’interdiction, par les autorités du ministère de l’intérieur, du port permanent du masque est contraire aux consignes sanitaire d’INTERPOL mais également de celles de l’ARS et de l’INRS. En outre, les ordres de ne pas porter un masque de manière permanente, de ne l’utiliser qu’au seul contact de la population, de l’impossibilité pour les forces de sécurité de se désinfecter à chaque nécessite de porter un masque, augmente le nombre de masques à utiliser sur le terrain.
En effet, ALTERNATIVE Police a pris connaissance des fiches techniques de l’ARS et de l’INRS sur les bons gestes barrières quant à l’utilisation des masques. Ils consistent à se désinfecter les mains avant, pendant et après le port du masque pour éviter de le souiller et de le contaminer dont la durée de protection de 4h.
Ces gestes ne peuvent pas être respectés par les policiers sur le terrain faute de moyens de désinfection suffisant en gel. ALTERNATIVE Police rappelle, à ce titre, qu’un appel d’offres de marché public pour l’achat de gel hydroalcoolique a été lancé par le ministère de l’intérieur le 19 mars 2020. La clôture des candidatures est fixée pour le 6 avril. Le choix de la ou les sociétés pour passer la commande se fera ensuite. Autant dire que l’arrivée de produits désinfectants massive ne se réalisera pas avant au moyen la seconde moitié du mois d’avril.
Faute de moyens de désinfection (gel), les policiers seront obligés de mettre un nouveau masque à chaque contact d’une personne. En usage normal, ce serait 3 à 4 masques par jour et par agent. Sur un effectif d’une moyenne basse de 30000 policiers mobilisés par jour (sur un effectif de 106000 gradés et gardiens), le nombre de masques quotidien serait de 120000.
Or, la réalité du terrain est bien au-delà de ce calcul théorique puisqu’on s’approcherait plutôt d’une utilisation de masques 9 fois plus importante au regard de la proportion du nombre de verbalisation actuelle (non prise en compte du nombre de contrôles réalisé sans verbalisation) pour le non-respect des règles de confinement (260000 contraventions pour 30000 agents = 8,6 masques).
Enfin, à la date de la publication du guide d’INTERPOL et au regard des chiffres officiels communiqués par le ministère de l’intérieur, 257 policiers sont contaminés par le COVID-19 pour un effectif de 150000 (tous grades confondus) soit 0,17% alors que 24976 personnes sont officiellement positives au virus soit 0,037% de la population française. Ainsi, les policiers sont 4,69 fois plus touchés par la contamination que la population.
Si les premières annonces tardives vont dans le bon sens, elles restent largement insuffisantes au regard de la réalité du terrain et des remontées de mécontentement et d’inquiétude qu’ALTERNATIVE Police recense depuis le 16 mars avec un nouveau cas de contamination d’un policier à Creil le 29 mars.
ALTERNATIVE Police dénonce, une nouvelle fois, les mesures minimalistes prises par le gouvernement pour assurer la sécurité sanitaire de ses agents, le manque d’anticipation et l’attentisme répétés.