08 juin 2019
Coyote et Waze bientôt interdits de signaler les contrôles routiers ?
Un amendement de la loi mobilités, soutenu par la majorité LREM, prévoit de bloquer les avertisseurs en cas de contrôle routier, d’enlèvement ou d’attentat. Une proposition déjà dénoncée par policiers et automobilistes.
Estampillée « boîte à outils » par le gouvernement, la loi d’orientation des mobilités (LOM) comporte bien des surprises. Elle pourrait même contenir bientôt... la cape d’invisibilité d’Harry Potter.
Le nom du célèbre sorcier est utilisé depuis un an et demi pour nommer un projet de décret de la Sécurité routière qui permettrait de rendre les policiers invisibles sur les applications comme Waze, Coyote ou TomTom. L’idée : donner aux forces de l’ordre le pouvoir de bloquer, sur une zone donnée, ces modules de plus en plus utilisés par la population.
« Les automobilistes pourront toujours signaler la présence des forces de l’ordre sur leur avertisseur mais l’information ne sera pas répercutée aux autres automobilistes », détaillait l’an dernier le délégué interministériel à la sécurité routière, Emmanuel Barbe.
Une mesure vieille de deux ans
Cette mesure « risque de nuire gravement à la sécurité » des forces de l’ordre mais aussi «à la réussite des actions conduites dans le cadre de la lutte antiterroriste ou antidrogue» pour le syndicat Alternative Police – CFDT
Les automobilistes, premiers concernés par cette proposition, ne sont pas convaincus. « Ce texte vise à mon sens autre chose : flasher toujours plus, sanctionner, taper sur l’automobiliste », s’est indigné vendredi le délégué général de 40 millions d’automobilistes Pierre Chasseray.
Les policiers, également au centre de l’amendement, ne sont pas plus emballés. Dans un communiqué publié vendredi, le syndicat Alternative Police - CFDT estime que cette mesure « risque de nuire gravement à la sécurité » des forces de l’ordre mais aussi « à la réussite des actions conduites dans le cadre de la lutte antiterroriste ou antidrogue ».
Le syndicat s’inquiète que des pays étrangers puissent avoir « connaissance en temps réel du positionnement des forces de sécurité sur l’ensemble du territoire national ». En clair, ces « zones blanches » pourraient être considérées comme des endroits où se trouvent les autorités, juge Alternative Police. « Une simple vérification avec deux téléphones portables permettra de vérifier », déplore-t-on.
Dans leur exposé sommaire, les auteurs du texte tentent de rassurer : « Son usage ne sera pas systématique, les forces de l’ordre pour demander l’invisibilité via cet outil seulement si elles le souhaitent, et dans le cadre d’usage précité.