Décider & Entreprendre a pu se procurer le protocole d’accord signé par le ministère de l’Intérieur et les principaux syndicats de police (UNITE SGP, Alliance et UNSA Police). Ce document détaille la composition des primes versées aux forces de l’ordre. Une partie des sommes pourrait très bien ne pas être versée.
Le 19 décembre dernier, le ministère de l’Intérieur et les trois principales organisations syndicales de police, tout fraîchement élues, se mettaient d’accord sur un protocole d’accord après une journée de contestation dans la police. Une décision saluée par toutes les parties mais qui soulèvent de nombreuses inquiétudes chez les agents et chez les syndicats minoritaires.
Interrogé par l’AFP, Yves Lefebvre, secrétaire général du syndicat Unité SGP estimait que l’augmentation des salaires sera graduelle à partir de janvier et devrait aboutir au bout d’un an à une hausse en moyenne de 120 euros net par mois pour les gardiens de la paix et pouvant aller jusqu’à 150 euros pour les plus hauts gradés.
Décider & Entreprendre a pu se procurer le compte-rendu de ce fameux accord. On y apprend que la prime allant de 120 à 150€ se composera d’une augmentation de 40€ au premier janvier, ainsi que d’une augmentation de l’indemnité de sujétion spéciale police (ISSP) de 0,3pt (26% du traitement mensuel brut depuis 2008).
D’après le document, il manque encore une soixantaine d’euros dans le calcul. On constate que cette somme reste en suspens et ne sera pas automatiquement versée. En clair, ces soixante euros pourraient très bien ne jamais arriver dans la poche des agents.
La cause est simple : le versement du reste de cette prime ne sera effectif que si les syndicats s’engagent à négocier, et donc potentiellement perdre du terrain, sur l’organisation du temps de travail, le règlement des heures supplémentaires et la fidélisation fonctionnelle ou territoriales des policiers.
De leur côté, les syndicats minoritaires lors des dernières élections professionnelles crient au scandale. Alternative police CFDT appelle cette entente « l’accord de la honte« .
ALTERNATIVE police CFDT constate que le malaise profond de la police nationale se résume aujourd’hui par un énième protocole d’accord (6 en 14 ans) de 15 lignes élaboré sur la simple attribution de prime ou d’indemnité qui ne règle rien !
Communiqué Alternative police CFDT
Le syndicat affirme qu’aucune mesure n’est prise pour lutter contre les risques psychosociaux et les suicides dans la police. De même, rien sur la conciliation vie privée/vie professionnelle, ni sur la reconnaissance du travail de nuit toujours payé à 0,97€/h. Rien non plus sur les conditions de travail et la dégradation des équipements.
Nous avons tenté de joindre Yves Lefebvre, secrétaire général du syndicat UNITE SGP mais nos messages sont restés lettres mortes. Par contre, Décider & Entreprendre a pu prendre contact avec un agent présent alors que l’un de ses collègues était lynché sous l’Arc-de-Triomphe, samedi 1er décembre, lors de l’épisode 3 du mouvement des Gilets Jaunes.
Ce dernier nous explique bien accueillir cette prime. Pour autant, il se montre aussi très prudent quant à son versement intégral. Il déclare que le paiement des 60€,
quand tu lis bien le texte c’est sous réserve que les syndicats acceptent les conditions sur le temps de travail, les heures supplémentaires etc….
La négociation sur les heures supplémentaires risque d’être des plus tendues car en cette période de vache maigre, ce sont près de 275 millions d’euros correspondant aux heures supplémentaires impayées par l’Etat, qui doivent être versés. Une somme comptée au 19 décembre. Seulement, la note devrait augmenter si le mouvement de contestation se prolonge.
L’agent contacté affirmait avoir été mobilisé en Île-de-France le 8 décembre, soit une semaine après la scène sous l’Arc-de-Triomphe. « 22h de travail d’affilié, plus une heure de trajet« .