07 déc 2018
Paris, 7 déc 2018 (AFP) - La France est en alerte rouge et Paris a commencé à se barricader à la veille d'un nouveau samedi de manifestations de "gilets jaunes", une crise sociale et politique qui ébranle le pays et sidère le monde.
Commerces fermés, spectacles annulés, matches de foot reportés, programme du Téléthon et parcours de la marche pour le climat changés: partout dans l'Hexagone, des dispositions exceptionnelles sont en vigueur pour se prémunir d'une nouvelle flambée de violences, comme celles qui avaient entaché les manifestations du 1er décembre.
La situation est suivie de très près à l'étranger. La plupart des capitales ont appelé leurs ressortissants à ne pas s'exposer. Bruxelles, Prague et Lisbonne leur ont même conseillé de reporter leur séjour à Paris.
"Ces trois dernières semaines ont fait naître un monstre qui a échappé à ses géniteurs", a estimé le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.
Face au risque d'une nouvelle explosion de violences, un dispositif policier "exceptionnel" sera déployé sur tout le territoire avec 89.000 membres des forces de l'ordre, dont 8.000 à Paris.
Dans la capitale, pour la première fois depuis des décennies, l'État engagera des "VBRG", ces véhicules blindés à roue de la gendarmerie. Le GIGN et ses antennes régionales ont été mis en alerte renforcée.
Le gouvernement a multiplié les appels au calme, constatant que l'annulation de la hausse des taxes sur les carburants n'a pas suffi à apaiser la colère.
68% des Français soutiennent la mobilisation des "gilets jaunes", selon un sondage OpinionWay pour LCI publié vendredi, un chiffre stable par rapport à l'enquête de la semaine dernière.
L'exécutif craint une alliance entre ultradroite, ultragauche, "gilets jaunes" les plus remontés et jeunes de banlieue, dont certains se sont livrés à des pillages samedi dernier dans la capitale.
"Les gilets jaunes sincères ne peuvent pas servir de boucliers humains" à des "éléments politisés et radicalisés" qui cherchent à "renverser le pouvoir", affirme le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, alors que plusieurs responsables de la majorité font état de "remontées inquiétantes".
A Paris, 2.000 éléments de mobilier urbain ont été démontés. La tour Eiffel, le Louvre et plusieurs grands magasins seront fermés samedi, tout comme de nombreux commerces et restaurants.
"On barricade tout pour demain", explique Denis Thibaudet, un menuisier fixant des panneaux en bois pour protéger les vitrines d'une boutique de champagne, boulevard Malesherbes.
Les hôpitaux parisiens ont mis en place "un dispositif de vigilance renforcé", avec "des renforts médicaux et non-médicaux".
Une extension de la mobilisation des "gilets jaunes" à d'autres secteurs est également crainte, notamment chez les agriculteurs et dans l'éducation où la situation est très tendue.
Quelques milliers de lycéens ont défilé vendredi à Paris aux cris de "Macron démission".