Thierry Audouin, délégué syndical grand Ouest pour Alternative Police, et Yann Le Verger, membre et policier au commissariat de Cholet (Maine-et-Loire), dénoncent le manque de moyens humains. Ils l’assurent : « Ça se dégrade d’année en année...»
« ...C’est encore plus critique depuis septembre avec des départs à la retraite et des mutations. Et aucune arrivée. »
Yann Le Verger, policier au commissariat de Cholet (Maine-et-Loire) depuis 2002 et membre du syndicat Alternative police – créé en 2016 et affilié à la CFDT, plante le décor. « Nous étions 85, et aujourd’hui nous sommes 70. Il manque dix policiers en voie publique, et cinq en investigation. »
« Des collègues en repos sont rappelés »
« Il n’y a pas assez d’effectifs par rapport aux missions. Parfois, des collègues en repos sont rappelés pour effectuer des opérations de transfert », reprend Thierry Audouin, délégué syndical grand Ouest pour Alternative Police et policier au commissariat de Saint-Herblain (Loire-Atlantique).
« Nous voulons que les patrouilles se fassent toujours à trois (aujourd’hui, certaines ne se font qu’à deux, NDR) pour que les collègues puissent travailler en sécurité et qu’ils puissent assurer leurs missions correctement », poursuit-il. Car « quand l’éclairage public s’éteint à 23 h, c’est compliqué.»
Sollicité, Jean Hayet, directeur départemental de la sécurité publique (DDSP), n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet des effectifs. « Cholet souffre surtout d’une difficulté au niveau de l’âge des effectifs. On a pas mal de personnes malades », lance-t-il. « Actuellement, le déficit est tel que des collègues de la brigade anticriminalité quittent leurs fonctions la nuit pour renforcer la police secours » , illustre le délégué syndical Grand Ouest.
« On doit faire plus avec moins »
Résultat ? « C’est la population qui trinque » , s’indigne Yann Le Verger. « Il faut des effectifs à la hauteur de ses ambitions. Ou alors revoir ses ambitions à la baisse , persiste Thierry Audouin. Nous réclamons des effectifs pour revenir au nombre théorique de 85, pour que ça tourne normalement. Ce n’est pas du confort ! »
Les policiers disent crouler sous les dossiers. Nécessairement, le traitement des procédures judiciaires s’allonge. Les plaintes sont gérées plus tard. « Quand elles sont gérées , se désole le délégué syndical d’Alternative police. D’autant plus que la procédure est de plus en plus longue et contraignante. On doit faire plus avec moins. Les résultats ne peuvent pas être à la hauteur. »
Faute de moyens, la police souffre. Les services d’investigations sont surchargés, et la présence sur la voie publique affaiblie. De fait, les policiers mettent plus de temps à intervenir quand c’est nécessaire. « Ça fait vingt ans que je suis là ! Avant, on intervenait et tout se passait bien. Aujourd’hui, les gens sont plus agressifs, prévient le policier choletais. Le ton monte plus vite. C’est gérable, mais le climat de tension s’accentue. »