«Le but n’est pas de critiquer avant même que cela ait commencé, mais on espère que ce ne sera pas des réunions pour dire que l’on fait des réunions. «Il faut du concret», abonde Denis Jacob, secrétaire général d’Alternative Police-CFDT. «Les collègues n’ont pas une réelle attente du Beauvau. Ils sont désabusés. Cela fait des années que l’on parle de leurs problèmes, mais rien ne change. Ils attendent de voir enfin des effets sur le terrain.»
Car c’est bel et bien ce qu’il se passe dans les commissariats et lors des patrouilles et interventions qui touche en premier lieu le quotidien des policiers.
Si le Beauvau de la sécurité doit trouver des solutions aux problèmes de formation, d’encadrement ou encore de moyens humains et matériels, les syndicats attendent aussi avec impatience les discussions autour du lien police/population. Face aux nombreuses accusations de violences ou de racisme auxquelles les forces de l’ordre font face, ils estiment qu’il est temps de rétablir les vérités et d’arrêter de stigmatiser l’uniforme.
«Les policiers et les gendarmes ont le sentiment d’être lâchés par tout le monde», se désole Denis Jacob. «Des personnalités politiques comme à La France insoumise et d’autres du "showbiz" comme Camelia Jordana ou Omar Sy. Et de pointer les conséquences graves qu’ont ces discours sur le quotidien des agents. «Il n’y a plus aucun respect de l’autorité. Le Beauvau devra aussi répondre à ça, pour que les policiers travaillent dans de bonnes conditions de sérénité et de sécurité», reprend le dirigeant d’Alternative Police, citant les nombreux exemples où des automobilistes n’hésitent plus à les renverser pour ne pas se faire contrôler.
Les syndicats se félicitent en revanche d’une avancée déjà obtenue, mais que les débats devront affiner : la création d’un «observatoire de la réponse pénale», qui doit être mis en place le 1er juillet prochain. Il s’agira ainsi d’aborder le problème des écarts entre les peines encourues par un délinquant et celles réellement prononcées, ainsi que celles vraiment effectuées. Les policiers attendent aussi l’instauration d’une peine minimale lorsqu’ils sont agressés.
Enfin, parmi la myriade de sujets qui devraient être abordés durant ces quatre mois, la refonte en profondeur de l’organisation et de la structuration de la police aura également son importance. Avec, là encore, le besoin de sentir l’engagement du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et du président Emmanuel Macron, dont les propos sur le contrôle au faciès ont laissé un vilain arrière-goût dans la bouche des policiers.