24 juil 2018
Les responsables des syndicats représentatifs de la police nationale sont les premières personnalités auditionnées par la commission des Lois du Sénat sur l'affaire Alexandre Benalla, mardi 24 juillet 2018. Dénonçant les faits de violence présumée imputés au conseiller d'Emmanuel Macron à l’Élysée, les représentants syndicaux évoquent une affaire qui a "terni l'image de la police nationale" et reviennent sur la doctrine d'emploi des CRS. Ils s'interrogent également sur la répartition des missions entre Alexandre Benalla et les agents du GSPR
Alternative Police CFDT et le SCSI CFDT ont été auditionnés de 15h00 à 15h45 dont voici les principales interventions
"Nos collègues ont été profondément touchés par cette affaire et par l’image que cela peut donner de l’institution policière", rapporte Jean-Marc Bailleul, secrétaire général du SCSI. Selon lui, l’affaire Benalla "démontre qu’il se passe des choses, des bizarreries que l’on a laissées faire" et qu'"il est temps que le ministère de l'Intérieur se réforme".
"Il ne doit pas y avoir de confusion des genres", poursuit Jean-Marc Bailleul qui s’interroge sur l’opportunité de nommer à l’Élysée "un conseiller 'sécurité' qui est opérationnel sur le terrain" alors que le GSPR est composé "de professionnels de la police et de la gendarmerie recrutés et formés spécifiquement". "Cela pose des questions de fond sur le respect des règles déontologiques." Le syndicaliste dénonce le "deux poids, deux mesures" qu’il constate dans ce dossier. "Si un gardien de la paix avait commis ces violences en dehors du cadre légal, une procédure aurait été immédiatement engagée", affirme-t-il. Jean-Marc Bailleul relève par ailleurs qu’Alexandre Benalla a été "doté d’un véhicule équipé tout neuf" alors que, sur le terrain, la plupart des fonctionnaires de police "roulent dans des véhicules en mauvais état".
Jean-Marc Bailleul soulève par ailleurs la question de la transparence de la réserve citoyenne de la gendarmerie nationale, dont Alexandre Benalla est membre au titre d’expert. Le syndicaliste dénonce une "opacité depuis plusieurs années sur cette question". "Nous demandons la transparence de la réserve citoyenne et que cette liste d’expert soit rendue publique", affirme-t-il (lire sur AEF info).
"Les policiers sont mécontents, en colère, leur image a été salie par ce comportement", dénonce Denis Jacob, secrétaire général d’Alternative police-CFDT. Le syndicaliste souligne que les images de la place de la Contrescarpe ont été considérées "pendant deux mois et demi" comme celle d’une "bavure policière". Denis Jacob estime que "dans l’esprit de la population", sur ces images, Alexandre Benalla est policier. "On se pose légitimement la question de savoir pourquoi Alexandre Benalla avait un casque police, un brassard police et une radio police."
Reproduit avec l'aimable autorisation d'AEF - www.aefinfo.fr / dépêche n° 589915 par Marc-Antoine Bindler et Clément Giuliano